Les projets, tout personnels qu’ils soient, ne doivent pas pourtant nous isoler. Nous devons nous entourer. Ne pas se renfermer sur soi, ne pas les vivre seul mais partager, peut nous ouvrir des possibilités que l’on auraient pas imaginées, juste parce que l’autre va prononcer un mot, donner un avis. En plus de tout simplement faire du bien !
Cela n’altère en rien la maternité /paternité de nos projets, ni leur légitimité. Nous nous inspirons consciemment ou non d’autres artistes que ce soit dans l’illustration, la littérature, la photographie, les films… De la même manière, savoir s’entourer et s’inspirer de cet entourage pour faire quelque chose d’unique est primordial. Il en résulte un processus magique et passionnant.
Il y a beaucoup de gens qui me soutiennent, certains au quotidien, d’autres plus épisodiquement. Je ne vais pas tous les citer ( ce serait trop long!) et bien qu’ils aient tous la même importance, je veux vous parler de Léa et de Bran.
Avec Léa, on échange sur tout. Nos projets, nos découvertes créatives, des podcasts et livres que l’on aime. Elle a un parcours hétéroclite avec comme fil rouge l’art et de l’artisanat. Souvent, nous dissipons les doutes de l’autre. C’est une personne d’une douceur infinie et à la créativité sans limite.
Bran est mon œil extérieur sur mes deux projets d’albums. C’est une grande passionnée de littérature jeunesse, des albums pour les tous petits aux romans pour les plus âgés. Elle a notamment fait des études d’art, mais si c’est elle mon œil extérieur, c’est pour sa passion, et pour ses qualités indéniables :bienveillance, ouverture d’esprit, amour des autres, volonté de transmettre et sensibiliser sur ce qui lui tien à cœur. Elle est aussi passionnée que moi par mes projets d’albums, je partage avec elle chaque réflexion, chaque découverte, avancée, doutes…
Savoir s’entourer s’est aussi s’assurer de garder sa motivation, de garder espoir et foi en ses projets. Il est indéniable que si ceux que je porte en moi depuis des mois arrivent à éclore, ce sera en partie grâce à ces personnes formidables qui me soutiennent au quotidien.
Ce mot détient une aura plus que négative, on ne va pas se mentir. Personne ne veut échouer et si cela se produit malgré les efforts, arriver à l’accepter peut s’avérer difficile. Mais échouer, c’est la vie qui nous donne une chance de rebondir, d’évoluer, de nous adapter.
Je sais que certains d’entre-vous me répondraient volontiers que c’est un discours que tiennent les personnes qui n’ont jamais rien réussit du premier coup, et qui cherchent pas là une justification pour se sentir moins nuls. Ne niez pas, c’est une phrase qui revient souvent. A ceux-là je répondrais qu’ils voient tout en binaire et que le blanc et le noir, si on prend la peine et le temps de les mélanger, peuvent donner naissance à de superbes gris. Ne pas réussir du premier coup n’est en rien un échec, cela le devient si on ne retente pas à nouveau. Quoique… sur cette dernière phrase, je ne suis même pas sûre d’être en accord avec moi-même. Car l’on peut réellement échouer à quelque chose mais être satisfait du chemin parcouru et des enseignements qu’il a semé çà et là, non ?
Oui, pour moi, l’échec reste une des meilleures manière d’apprendre, de se perfectionner et d’avancer. Cela vous semble peut-être paradoxal ? Ça ne l’est pas tant que ça.
Dans l’article consacré au carnet de croquis, je vous ai parlé de l’indulgence que l’on devait avoir avec soi-même quand on estime que son travail n’est pas à la hauteur. Mais pour que cela soit formateur, il faut revenir sur son travail et s’en détacher.
Qu’est-ce qui fait que vous l’estimez raté ?
Auriez-vous pu mieux traiter le sujet ? Ou différemment ?
Mieux le mettre en lumière ?
Utiliser une technique différente ?
Utiliser la couleur plutôt que le noir et blanc ou inversement ?
Utiliser plus ou moins de pigment dans votre aquarelle ?
…
Toutes ces questions semblent simples, mais les réponses que vous en tirerez vous permettront d’avoir un autre point de vue sur votre dessin. Essayez de voir votre travail objectivement. Le plus simple pour cela est de le considérer comme s’il appartenait à une autre personne venue vous demander votre avis, des conseils. Ainsi, ce que vous considérez comme un échec deviendra une belle opportunité de voir où se trouvent vos faiblesses, par rapport à l’objectif que vous vous êtes fixé.
Quand vous les aurez identifiées, viendra le moment de voir comment rebondir, comment améliorer ce qui vous pose problème. Je ne sais pas si c’est le cas pour tout le monde, mais je sais que c’est le mien : je passe au moins un tiers de mon temps à échouer à faire ce que je désirais. Et donc à recommencer : soit le même dessin, soit un différent mais en appliquant les leçons que je viens d’apprendre grâce à l’échec précédent.
Je ne dis pas que ce que vous considérez (ou que les autres considèrent) comme un échec ne vous démoralisera jamais, et que c’est un exercice facile que d’essayer de produire une critique constructive sur son propre travail. Cela s’apprend, comme le reste ! Mais il faut être persévérant, accepter de se remettre en question. Et bientôt, peu de dessins que vous estimez ratés, ou peu agréables à regarder seront à vos yeux des échecs. Ils seront au contraire une terre de promesse jonchée de possibilités d’amélioration, que ce soit dans la gestion d’un médium, l’apprentissage d’une technique ou encore la composition de votre image.
Un petit exemple concret ? Ce que j’avais en tête pour cette grenouille se rapproche plus de la dernière version. la deuxième est donc un échec si l’on parle de l’esthétique que je voulais donner à l’illustration. Mais cela ne veut pas dire que la première version finale est pour autant à jeter. Elle m’a permit de voir ce que je ne voulais pas, ce que je devais faire autrement.
Pour que ce processus soit possible, il est à mon sens quelque chose de fondamental à prendre en compte, surtout dans le cas où l’on est seul face à son dessin: Pourquoi considérez-vous que c’est un échec ?
Car vous n’avez pas réussi à faire exactement ce que vous aviez en tête ?
Vous avez réussi mais esthétiquement il ne vous plaît pas ?
Vous êtes-vous donné un objectif réellement atteignable ? Si non, quelles sont les étapes indispensables, ce que vous devez acquérir en compétences pour tendre vers lui avec plus de sérénité ?
…
Le sentiment d’échec peut-être en parti induit par votre intuition. Celle qui vous dira aussi que telle illustration est plus réussie qu’une autre. C’est un paramètre à ne pas négliger et il faut savoir quelle part elle prends dans ce sentiment.
Tout cela vous semble peut-être couler de source : que ce sont des platitudes et que cela ne vaut pas le coup de faire un article sur le sujet. Peut-être, après-tout. Pour autant, c’est réellement comme ça que je navigue sur les flots de la mer créativité et bien évidemment, sur les flots de la vie.
Et ce n’est pas un raisonnement si simple à mettre en place. Pourquoi ?
Je pense que l’on peut trouver tout un tas de raisons. Nous pouvons ici en aborder quelques unes :
Persévérer demande un effort conscient, c’est plus difficile à mettre en place que de rester sans rien faire une fois que l’on estime avoir échoué.
Cela demande de se remettre en question et ça non plus, ce n’est pas simple !
Après 3 essais infructueux, nous avons tendances à considérer que c’est la norme. (Cette règle marche aussi dans l’autre sens. Après 3 réponses identiques à une situation, nous avons tendance à considérer que cela est la norme et que ça se déroulera toujours ainsi par la suite)
La positivité se travaille. Si, si, je vous assure ! Même lorsque l’on est naturellement de la team « verre à moitié plein », il faut parfois se le rappeler pour ne pas s’embourber dans l’échec et le transformer en quelque chose de positif.
…
Venez, et rejoignez-moi dans la team « verre à moitié plein », on y est bien 😉
Et vous l’échec, quelle réflexion provoque-t-il en vous ? Le transformez-vous ? Si oui, de quelle manière ?
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